RAILANE

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mercredi 18 décembre 2013

Sale temps pour un "Musulman"


11 septembre 2001, cette date, symbole du plus impressionnant et plus terrible acte terroriste que l’humanité ait pu connaître, marque également en chacun de nous la pire dérive issue de l’islam fondamentaliste.
Depuis cette date, le français musulman que je suis, ne vit plus de la même manière. J’ai l’impression que je porte malgré moi une quelconque responsabilité dans ce terrible drame.
Pourquoi cette perception ? Je me suis longtemps interrogé sur ce sentiment de culpabilité.
Je suis musulman, probablement par hérédité, car nul doute que si j’étais né dans une famille d’obédience chrétienne ou judaïque j’aurai naturellement épousé la religion de mes parents, par là même si mes parents avaient été des soixante-huitards qui sait … ?  Il est tentant de penser que j’aurai pu devenir athée voire antireligieux.
Par conséquent, si je suis musulman c’est d’abord une histoire de naissance, mais l’histoire se change. Il ne tenait qu’à moi, à mon adolescence ou lors de mon émancipation, de continuer à perpétuer la religion de mes ancêtres ou au contraire de marquer la rupture et renoncer à l’héritage spirituel incarné par mon père.
Pour ma part, j’ai pris la direction de la continuité. Mais à l’instar de mes parents, mon choix quand à ma spiritualité fût sujet à bon nombre d’interrogations et de recherches. Ma foi ne fût donc pas subite, mais bien au contraire choisie : devenir musulman. Que l’on ne s’y trompe pas, je suis devenu musulman par mes lectures, mes échanges et surtout pas par facilité culturelle et cultuelle.
Je me prétends musulman, pourtant au quotidien il m’arrive de dissimuler ma conviction religieuse. La croyance religieuse de tous est avant tout une affaire personnelle, il n’est pas question de promouvoir ou revendiquer son appartenance à un culte sous quelque forme que ce soit. Pour autant doit-on de la même manière dissimuler son choix cultuel, afin d’éviter tout risque d’amalgame ou de dérive raciste ?
Ainsi, en période de ramadan, il n’est pas rare que je motive mon refus de participer à un repas en prétextant un régime ou une douleur gastrique. Quand parfois je suis amené à déjeuner avec des collègues, je fais mine d’être végétarien pour ne pas avoir à justifier de ma consommation de viande hallal (abattue selon le rite musulman). Je fais preuve au quotidien de subterfuges nécessaires dans la dissimulation de mon appartenance religieuse.
Toute cette énergie dépensée, pour éviter que l’on me stigmatise, est souvent difficile à vivre et entraîne indéniablement une souffrance psychologique qui handicape ma relation avec l’autre. L’autre étant le non musulman.
Mais pourquoi agir de la sorte ? La réponse est assez simple, aujourd’hui dans notre pays, les chroniques alimentent au quotidien une certaine vision radicale de l’islam.
L’islamophobie s’est banalisée, et pour cause, les débats actuels gravitent essentiellement autour du soi-disant, choc des civilisations que connaissent l’islam et le monde occidental. La religion musulmane est pour beaucoup une menace pour la laïcité, une idéologie de lutte et d’agression. Le musulman est devenu naturellement synonyme de terroriste. Dans l’inconscient collectif, une aversion est née à l’encontre des « barbus ». Islam rime avec militantisme, fondamentalisme voire parfois activisme. Si l’on est musulman, on devient irrémédiablement associé à tous ces préjugés. Par ailleurs, il est coutume d’entendre ici et là que l’invasion islamiste est en marche dans notre pays, que bientôt la 1ère religion de France ne sera plus le catholicisme mais l’islam. Mais qu’en est-il vraiment ?
J’ai lu un jour le titre d’une revue hebdomadaire qui disait « pourquoi l’islam fait peur aux français ? ». Je suis moi-même, comme beaucoup de mes compatriotes, français, je n’ai pas peur de l’islam. Alors de deux choses l’une, soit je ne suis pas vraiment français auquel cas on peut croire en la crainte des « vrais » français, dont je rappelle je ne ferai pas parti, soit la revue en question ment et utilise un ton alarmiste pour attirer la vente.
Je ne suis pas dupe, aujourd’hui parler de l’islam ou plutôt de l’islam fondamentaliste est vendeur pour un quotidien. Par conséquent, les titres qui fleurissent à l’unisson aux premières pages des magazines de notre pays rivalisent d’ingéniosité pour être le plus tapageur possible. Ainsi, j’ai pu relever certaines Une « l’occident face à l’islam » (L’express), « cet islam sans gêne » (Le Point) ou « la France ou la burqua » (Libération). Vous relèverez que ces titres opposent indirectement voire directement l’islam à notre pays, car dans l’inconscient collectif les mots utilisés mettent en opposition l’islam face à notre mode de vie, à notre nation. Les termes occident ou France accentuent cette opposition.

Voilà mon problème, et voilà à mon avis ce qui me conduit à développer un sentiment de culpabilité dans tout acte terroriste perpétré par des soi-disant musulmans. Je ne suis en aucun cas comptable des agissements des musulmans ou des maghrébins du monde.
Je suis Français mais je me considère également Musulman et pour ceux qui en douteraient, ma francité est compatible avec ma religion. Par ailleurs, je suis un républicain respectueux des lois, des valeurs et de l’histoire de mon pays La FRANCE.

Abdelkader RAILANE.

3 commentaires:

  1. Le malaise que vit un grand nombre de français "coloré" musulman ou non est bien décrit dans ces quelques lignes . La société nous renverra toujours à nos origines, la carte d'identité nationale ou notre naissance depuis 2 ou 3 générations en France ne légitiment pas notre appartenance à la Nation Française nous serons toujours ces "français issus de l'immigration . Je ne peux que vous encourager à continuer à écrire et saluer votre travail.
    Habiba BENHERRAT née à Lallaing Nord France

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  2. Merci beaucoup Habiba pour votre message.
    Abdelkader

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