RAILANE

RAILANE

mardi 5 avril 2011

Le cours de français

(Extrait de mon roman)

J’adorais les cours de français. En particulier, les rédactions. J'attendais avec impatience le nouveau sujet que nous devions traiter. Un jour, il nous demanda de faire le portrait d’une personnalité importante. Je fus choisi pour aller lire la mienne au tableau. Je n'étais pas très sur de moi ... Mais, en me tendant ma copie qu'il avait corrigée, je vis ma note : 16/20 ! Complètement regonflé, je me mis à lire avec confiance :

- « Cheveux courts, il aime pouvoir caresser sa tête. L’homme qui aujourd’hui aspire à une tranquillité qui jadis lui a fait défaut, se donne comme principe de s’acquitter d’un somme tous les après-midi, un rituel autour du sommeil. Il a le regard vif, le visage marqué par la souffrance endurée dans sa jeunesse, il ne se plaint jamais ou presque pas, sa fierté le lui interdit, pourtant, dieu sait combien ses plaintes sont légitimes. La vie ne l’a pas gâté pourtant il s’estime privilégié, et son sourire, qu’il arbore tous les jours le prouve. Il n’est pas malicieux, ni rusé, mais il n’est pas non plus orgueilleux, il est un homme tout simplement. On le dit social, doux, mais c’est sa gentillesse que l‘on remarque le plus, cette gentillesse que l’on prend souvent pour une faiblesse. Jadis il fut un travailleur acharné, toujours près à travailler mais aujourd’hui la vie l’a rattrapé, et il attend patiemment que l’ange du désespoir vienne le chercher doucement un soir. Il a égayé nos vies à ma famille et moi, nous a donné la vie. Il est ce que j’ai de plus précieux sur terre, pourtant il n’en a pas l’air. Il me faudrait un livre ou même un dictionnaire pour parler de ce sage, ce révolutionnaire, cependant je n’ai que vingt lignes pour le rendre digne. Alors vous allez dire pourquoi je parle tant de ce personnage, et bien je dirai qu’il est pour moi l’image la plus noble qui soit et si j’en suis si fier, c’est peut-être parce qu’il est mon Père. ».

Lorsque j’eus fini, des applaudissements se firent entendre, j’avais les larmes aux yeux. Monsieur Lonritzak me dit qu’il avait été ému d’une part par la beauté du texte et d’autre part car j’avais estimé que mon père était une personnalité importante « C'est un bel hommage pour lui ». La journée aurait été parfaite si ce qui suivit n’avait pas obscurci mon bonheur.